Débat budgétaire : quel chemin pour les progressistes ?
Tentative de décryptage des enjeux du projet de budget pour 2024, premier jalon du plan d’économies de 60 milliards d’euros annoncé par le Gouvernement.
De la remontée brutale des taux d’intérêt à la dégradation de la note financière de la France, la question de la soutenabilité des finances publiques est revenue sur le devant de la scène. Après un budget 2023 marqué par la volonté de protéger les Français du choc inflationniste, le Gouvernement entend changer de cap avec le projet de loi de finances 2024, qui doit constituer le point de départ d’un plan pluriannuel d’économies de 60 milliards d’euros.
Avant même l’ouverture du débat budgétaire, les positions des principaux partis d’opposition sont en réalité déjà connues. En effet, les députés ont rejeté l’an dernier le projet de loi de programmation des finances publiques du Gouvernement, qui annonçait ce tournant. Ce qui pourrait contraindre la majorité à faire usage du 49.3 sur ce texte, qui reviendra devant les députés dès septembre. Du côté des comptables, Les Républicains avaient regretté « un redressement des finances publiques insuffisant », au regard notamment de l’endettement de nos principaux voisins. De part et d’autre de l’hémicycle, La France insoumise avait déploré à l’inverse un texte qui « ne fait que programmer l’austérité pour les cinq années à venir », tandis que le Rassemblement national avait reproché au Gouvernement de ne pas faire porter les économies sur ses bouc‑émissaires habituels, en s’attaquant aux Français plutôt qu’aux « gabegies liées à l’idéologie européiste, libre-échangiste et immigrationniste qui nous mène à la dérive ».
Face à des discours aussi caricaturaux, l’opinion semble osciller. En 2021, 60 % de nos concitoyens estimaient ainsi « nécessaire d’annuler au moins une partie de la dette publique », faisant écho aux propositions de l’extrême gauche. Désormais, trois quarts jugent « urgent » de la réduire et près de sept personnes sur dix refusent que le pays s’endette pour financer la transition écologique, marquant un possible « tournant de la rigueur » dans l’opinion. Le risque est donc grand de voir le débat budgétaire national confisqué par les radicaux, les populistes et les comptables.
Dans ce contexte, le camp progressiste paraît mal à l’aise, alors même qu’il lui revient de construire un discours équilibré sur le sujet, cohérent avec le paysage macroéconomique actuel et les défis sociaux et environnementaux qui se présentent.
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