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Bon débat ! Et on ne peut pas écarter en effet l'hypothèse que ces modèles soient ajustés pour aboutir à des conclusions politiquement correctes à Washington.

Ceci dit, voici ci-dessous quelques questions et commentaires :

Deux questions d'abord :

- quand il est dit que le supplément de relance est de 14% du PIB sur 2021-2022, c'est 14% en 2021 et 14% en 2022 ou de l'ordre de 7% chaque année ? Si c'est 7%, cela réduit l'ampleur de la relance d'un facteur 2... mais cela fait encore beaucoup ;

- quand on parle de PIB potentiel (et d'écart à celui-ci) en Europe en 2021, on intégre dans ce potentiel l'activité des secteurs interdits de fonctionner pour cause de virus ? Comme les coiffeurs ne devraient pas se transformer en primeurs, le PIB potentiel effectif est fatalement réduit !

Et quelques commentaires sur les trois paramètres :

- sur le multiplicateur à court terme du FMI : c'est bizarre qu'il ait changé ainsi en quelques mois sauf à considérer qu'il faiblit à mesure que la relance est plus forte ; ce qui me paraît clair c'est que l'épargne est haute en ce moment (forcée ou par précaution) et cela réduit le multiplicateur ;

- sur Y potentiel : la productivité globale des facteurs n'aura pas changé ; le capital aura cru avec l'investissement public productif... ce qui peut soutenir la productivité du travail, le salaire réel et le travail potentiel ? L'effet des termes de l'échange sur la productivité locale est à regarder aussi.

- sur l'inflation : c'était le grand mystère macroéconomique avant que Philips ne propose sa courbe et c'est le grand mystère depuis qu'elle ne fonctionne plus, en tous cas dans sa forme originelle. Comme c'est d'abord un sujet nominal ce n'est pas très grave mais quand même...

Quelques idées là-dessus :

(1) Ce n'est pas si étonnant qu'on manque d'une théorie de l'inflation car en microéconomie, les prix sont à chaque instant définis à une constante près. "A la Fisher", l'inflation devrait être déterminée par seuls les taux nominaux et d'autant plus haute qu'ils sont... hauts !

(2) C'est quand même ennuyeux de ne pas avoir une telle théorie car il s'en suit que les anticipations d'inflation ne sont pas rationnelles et que les décisions d'investissement ont de bonnes chances d'être inefficaces et les épargnants déçus.

(3) En sens inverse, si on avait une théorie valide, alors les banques centrales n'auraient qu'à la suivre et l'équation deviendrait très simple : inflation effective = inflation anticipée = inflation cible de la BC. Les prix connus, les salaires s'en déduiraient "à la Philips" et les changes suivraient.

(4) L'équation de Philips avait du bon et je pense qu'on ferait mieux de l'améliorer plutôt que de l'abandonner. On sait notamment qu'il ne faut pas regarder le chômage officiel mais un faisceau plus large incluant des inactifs. On devrait aussi ajouter la productivité et les termes de l'échange.

(5) La stagflation française des années 1970 s'explique par l'envie de mainteir les salaires réels alors que la productivité réelle locale avait chuté avec les termes de l'échange pétrolier. Cela ne pouvait qu'aboutir à du chômage et à une boucle d'inflation via les changes et les imports.

(6) En sens inverse, les "pleins emplois" américains, allemands ou japonais n'ont pas induit des hausses de salaires et de l'inflation parce que les entreprises ont pu "élargir la population active" à des gens qui n'y étaient pas/plus (femmes allemandes, >65 japonais, découragés américains...).

(7) Alors est-ce qu'il y aura excès de demande aux USA et est-ce que cet excès de demande induira de l'inflation ? Cela commencerait par les prix puis par les salaires ? Mais si Yd=(G-cT+I)/s, une hausse de p actuel ne réduit pas la demande, sauf à p futur donné induisant hausse de r ?

(8) Mais p futur n'est donné que si les anticipations d'inflation ne sont pas figées... et donc on retombe sur le besoin d'avoir une théorie de l'inflation valide et partagée par une majorité d'acteurs économiques. Ce serait bien que la BCE et le FMI y travaillent davantage !

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