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Article très intéressant, comme d'habitude. Merci à vous.

Il nous manque définitivement une théorie rénovée de l'inflation (= du niveau général des prix et salaires).

On comprend bien que les salaires réels baissent quand il y a un choc d'offre négatif et le plus simple est de supposer que les salaires nominaux ne bougent pas pendant que les prix montent : p (= w.L/Y) montent à raison de la baisse de Y. Si les salaires nominaux montent dans l'espoir de compenser la baisse réelle de pouvoir d'achat (Y/L), alors on a toutes chances d'engager une boucle d'inflation prix-salaires-prix... qui ne changera évidemment rien au pouvoir d'achat. Et c'est sans doute ce qui s'est passé dans les années 1970... avec, en supplément, une hausse du chômage quand le SMIC réel a été augmenté pendant que la productivité réelle baissait du fait de la baisse pérenne des termes de l'échange induite par le choc pétrolier. Rendu en France en 2021, quelle est donc votre suggestion pour les négociations annuelles obligatoires (NAO) ?

Mais comment cela fonctionne face à un choc de demande positif, votre hypothèse états-unienne ? Autant on comprend bien qu'en équilibre partiel, la hausse de la demande fasse monter les prix, autant en équilibre général ce n'est pas clair, ni en économie fermée ni a fortiori en économie ouverte ? Dans Yd=(I(r)+G)/s, les prix n'apparaîssent pas, si ce n'est très subtilement dans le taux d'intérêt réel, en tant que différence entre le taux nominal et l'inflation anticipée ? Si bien qu'une hausse générale des prix et salaires, qu'elle soit ponctuelle ou durable, si elle était provoquée par un excès de Yd sur Ys, ne résoudrait pas cet excès, à la différence de ce qui se passe en équilibre partiel. Faut-il aller chercher un effet richesse dans la consommation parce que les ménages détiendraient des actifs non indexés sur l'inflation, monnaie fiduciaire et obligations publiques ?

Donc pourquoi y aurait-il inflation générale si cela ne permet pas de rejoindre l'équilibre ? Le fait est que retrouver l'équilibre supposerait plutôt une hausse de r, donc une baisse des anticipations d'inflation, à taux nominaux donnés, autrement dit une hausse relative des prix actuels en regard des prix futurs ? Ou bien si les anticipations d'inflation sont ancrées, il faut une hausse du taux nominal, ce que vous suggérez à la FED de faire et qui paraît requis... non pas tant pour éviter une hausse de l'inflation mais pour rejoindre l'équilibre sans en passer par une baisse des anticipations d'inflation ? Dans les deux cas, G évincent I en économie fermée. Et si on est en économie ouverte, cela doit bouger du côté de (X-M) et des taux de change... ce qu'on ne voit pas dans le $/€.

Bref, merci d'avoir souligné la différence importante entre choc d'offre négatif et choc de demande positif... mais dans le second cas il reste à trouver une théorie de l'inflation quelque part entre Philips et Fisher, avec des anticipations d'inflation plus ou moins rationnelles. Le fait est que le réel compte plus que le nominal pour la satisfaction des gens est donc on préfèrerait avoir à faire à un choc de demande positif qu'à un choc d'offre négatif. Mais (1) on ne choisit pas les chocs d'offres, (2) en présence d'un choc d'offre négatif, la demande n'est ni le problème ni la solution...

Mon intuition pour le prix des matières premières est que c'est bien un choc d'offre négatif, principalement conjoncturel à raison des désordres engendrés par l'épidémie sur les chaînes de production et de transport, avec dégradation des termes de l'échange pour un pays comme la France. Là où il y a un côté structurel, c'est du côté du prix réel du CO2 (rapporté à un panier de biens voire à une heure de travail) et de tout ce qu'il peut induire sur les autres prix des biens et services. Si la Chine veut réellement réduire sa consommation de charbon pour passer à des énergies peu carbonées (nucléaire et renouvelables) ou moins carbonées (gaz fossile), cela aura des effets sur les prix réels de nombreux autres biens à travers le monde.

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